Ukraine: journée de deuil à Kiev où le bilan des morts s'alourdit

Les décombres de l'hôpital pour enfants Okhmatdyt détruit par une frappe russe, le 8 juillet 2024 à Kiev, en Ukraine

By Anatolii STEPANOV

Kiev (Ukraine) (AFP) - Kiev observe mardi une journée de deuil au lendemain de frappes russes ayant fait plus de 30 morts et dévasté le plus grand hôpital pédiatrique d'Ukraine, le bilan pouvant encore s'alourdir tandis que les recherches se poursuivent dans les décombres.

L'attaque sur le centre hospitalier Okhmatdyt a créé un choc dans ce pays, qui subit depuis plus de deux ans les bombardements russes, et parmi ses alliés.

"Lancer intentionnellement des attaques contre un hôpital protégé (par le droit international, ndlr) est un crime de guerre", a dénoncé mardi la sous-secrétaire générale de l'ONU aux affaires humanitaires, Joyce Msuya.

Elle a relevé "une tendance inquiétante à attaquer systématiquement les centres de soins et d'autres infrastructures civiles à travers l'Ukraine", au cours d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies organisée à la demande de l'Ukraine.

Le président Volodymyr Zelensky a fait état dans la matinée d'une quarantaine de morts à travers tout le territoire ukrainien, qui a essuyé la veille une attaque massive ayant impliqué une quarantaine de missiles russes.

Il a annoncé plus tard être arrivé à Washington pour participer à un important sommet de l'Otan à l'occasion duquel il réclamera davantage d'armes pour son pays.

"Nous nous battons pour obtenir davantage de défense antiaérienne" et "davantage d'avions F-16", dont la livraison à l'Ukraine est attendue prochainement, a-t-il ajouté.

\- "Reconstruire" -

L'Ukraine, dont les infrastructures énergétiques sont déjà ravagées, ne cesse de réclamer à ses alliés occidentaux plus de moyens de défense antiaérienne.

Au moins 33 personnes, dont quatre enfants, ont été tuées dans sa capitale, où les missiles russes et leurs débris ont frappé, outre l'hôpital, une clinique privée et des immeubles d'habitation dans plusieurs quartiers, selon le dernier bilan officiel.

Dans un immeuble résidentiel du quartier de Syrets (ouest), au moins 12 personnes dont quatre enfants ont été tuées, selon le maire de Kiev Vitali Klitschko.

Sept personnes - cinq soignants et deux patients - ont péri dans un bombardement de la clinique privée Adonis, dans l'est de la ville.

A l'hôpital d'Okhmatdyt, deux adultes - une femme médecin et un visiteur - ont été tués et on compte 32 blessés, ont fait savoir les autorités.

"Nous allons reconstruire Okhmatdyt, je suis en contact avec le gouvernement" à ce sujet, a promis Volodymyr Zelensky. Plusieurs dizaines d'entreprises ukrainiennes ont par ailleurs annoncé des dons pour les travaux.

Sur environ 630 patients qui étaient soignés dans cet hôpital pour enfants, 94 ont été transférés dans d'autres établissements de la capitale, plus de 465 ont dû rentrer chez eux et 68 sont restés dans les bâtiments qui n'ont pas été touchés par l'attaque, a déclaré le ministère de la Santé.

\- "Tir direct" -

La mairie a décrété une journée de deuil à Kiev où les drapeaux ont été mis en berne.

"En ce jour de deuil pour les victimes innocentes de notre capitale et d'autres villes d'Ukraine, je m'incline avec l'ensemble du peuple ukrainien", a réagi le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky.

L'Ukraine a affirmé que la frappe sur l'hôpital pédiatrique avait été effectuée avec un missile de croisière russe Kh-101 tiré d'un bombardier.

La Russie, qui nie systématiquement depuis le début de son invasion tout crime ou bavure, a de son côté mis en cause la défense antiaérienne ukrainienne, assurant, comme toujours, ne jamais "frapper de cibles civiles".

La représentante du Haut-Commissariat des droits de l'homme de l'ONU en Ukraine, Danielle Bell, a quant à elle jugé "fort probable" que cet établissement ait été touché par "un tir direct" de missile russe, évoquant aussi un projectile de type Kh-101.

"L'analyse des séquences vidéo et l'évaluation faite sur le lieu de l'incident indiquent qu'il est fort probable que l'hôpital pour enfants ait subi un frappe directe plutôt que des dommages dus à un système d'arme intercepté", a déclaré Mme Bell au cours d'un point de presse à Genève.

Les attaques russes contre l'Ukraine ont continué dans la nuit de lundi à mardi : deux personnes ont été blessées dans la région de Kherson et trois autres dans celle de Zaporijjia, toutes les deux situées dans le sud.

© Agence France-Presse